être riche vs avoir de l’argent ?
« Avoir, faire et être sont les catégories cardinales de la réalité humaine » Sartre – l’être et le néant
J’ai un grand garçon (18 ans), dont l’ambition affichée et proclamée était de « gagner de l’argent », de faire des économies, de s’acheter ci ou ça …
L’été est passé – favorisant les rencontres et une opportunité de voyage et de travail à l’étranger s’est présentée, qu’il a su saisir au vol. De retour pour quelques jours, je le trouve plus serein, et lors de nos conversations il m’annonce que désormais il veut voyager.
C’est l’âge, bien sûr : qui n’a pas rêvé de voyages à 18 ans ?
En creusant un peu je découvre que ses ambitions se sont déplacées : « de l’argent ? Pour quoi faire ? »
Enfin une bonne question ! La coach financière en moi se régale de l’entendre m’expliquer, avec ses mots, qu’il a compris un « truc » bien plus important : il a soif « d’être » et de « faire » aujourd’hui.
Oui, il va économiser de quoi réaliser ses rêves de découvertes, étancher sa soif d’apprendre et de découvrir. Mais le voilà, pour le moment, débarrassé de sa soif « d’avoir ».
Quelle bonne nouvelle !
obsolescence programmée
La soif d’avoir est une des maladies dont souffre notre société !
Les industriels s’échinent depuis le début du siècle dernier à développer notre appétit de consommation, à grands renforts de publicités, de modes et de nouveautés. Aujourd’hui ils incluent dans leurs cahiers des charges pour la fabrication de nouveaux produits la nécessité de fabriquer du « non durable » : c’est ce qu’on appelle « l’obsolescence programmée »*.
Savez-vous que les premières ampoules électriques étaient quasiment inusables ?
Que les premiers bas nylon inventés par l’industrie américaine étaient indestructibles ?
Vous souvenez-vous des meubles qui se transmettaient de générations en générations !
Il a fallu un peu moins de 50 ans pour que tout objet manufacturé devienne jetable…
Avec pour résultat une société de consommation qui focalise tous ses efforts vers un renouvellement constant, un phénomène de mode qui envoie aux oubliettes la robe, le smartphone, la voiture, les tendances déco ou les jouets de la saison dernière.
C’est tout le travail de la pub !
Les « réclames » d’autrefois nous informaient sur l’existence des nouveaux produits, ou sur leurs atouts face à la concurrence. Il y avait une ivresse de liberté dans le choix qui s’offrait au consommateur et de quoi affirmer une différence grâce à ces choix. Aujourd’hui un yaourt nous promet une extase, une voiture nous propulse dans une « caste » de privilégiés, une montre devient le symbole de la réussite.
L’intensité de nos vies, le stroboscope d’images qui nous assaille, sur les écrans, dans la rue, l’injonction d’être performants et « conformes », affaiblissent la conscience que nous pouvons avoir de nos besoins, et nous éloignent … de notre pouvoir de choisir !
Qui ressent une ivresse de liberté aujourd’hui devant un rayonnage de 10 mètres de long rempli de toutes sortes de cafés ? Les marques nous encouragent vivement à nous « identifier » à leur univers : ainsi, si j’achète cette marque de café, je porte les valeurs de son fabricant (j’aime le luxe et la volupté) et je récompense les efforts du directeur marketing. De là à confondre avoir et être il n’y a qu’un pas 😉
reprendre le contrôle
Ralentir, même un peu, se débrancher, même quelques minutes par jour …
Acheter ou payer « en conscience », se poser la question, le plus souvent possible :
– « est-ce bien ce dont j’ai besoin ? »,
– « cet achat est-il nécessaire, aujourd’hui ? »
– « quel besoin comble t’il ? »
Reprendre le contrôle, c’est se souvenir que nous avons le choix,
C’est réaliser que l’argent « en soi » est un outil pour nous rapprocher d’un objectif,
C’est prendre conscience que le fait d’avoir ou de posséder un produit, un objet, ne remplit pas tous les manques…
être riche ?
Prenez quelques instants, maintenant, pour penser aux moments privilégiés et gratuits de votre vie : un rayon de soleil, un vrai sourire donné ou reçu, une ballade au bord de l’eau, une recette donnée avec détails par votre poissonnier, une heure devant vous pour lire un bon livre, un matin sans réveil, une foule qui chante …
et du temps pour y penser 😉
Avez-vous trouvé quelques exemples, vos moments privilégiés à vous ?
Concentrez vous sur ce que vous ressentez lors de ces instants : bien-être, gratitude, joie, plaisir …
C’est là que se trouve la clé : l’argent ne peut pas vous donner ces moments !
Avoir beaucoup d’argent permet d’éviter les frustrations dues aux choix (hé oui, choisir, c’est toujours renoncer !) et d’esquiver des questions inconfortables : qu’est-ce que je souhaite profondément ? qu’est-ce que je veux vivre, faire, expérimenter, ressentir ?
Mais ni un compte en banque bien garni, ni un gros billet ne peuvent vous procurer un ressenti de plénitude.
Et là, je vous entends presque me contredire : « OK mais il y contribue ! »
et je vous l’accorde !
D’ailleurs tout est dans ce mot : il y contribue.
Si on l’utilise rationnellement.
Si on ne lui donne pas le pouvoir (même inconsciemment) de guérir notre insécurité, de combler nos manques de confiance en nous, bref, de soigner tous nos inconforts psychologiques.
Il vous permettra de payer le voyage de vos rêves et là, votre objectif, c’est cet endroit, ce que vous allez vivre, goûter, partager, ressentir.
Ou d’investir dans un appartement à louer, et là, votre objectif, c’est de vous construire un patrimoine ou de vous assurer des revenus supplémentaires afin de … construire votre « liberté financière ».
Ou bien de régler vos dettes, dans l’objectif de vous sentir plus serein avec un budget qui respire, voire même de vous mettre à économiser pour d’autres projets !
Oui, l’argent peut être au service de vos objectifs.
Commencer par « faire »
Faire, c’est se mettre en chemin – téléphoner à l’agence de voyage, visiter des appartements, prendre RV avec le banquier – définir des petits pas, et réaliser que les obstacles sont surmontables une fois qu’on est en mouvement, pour peu qu’on se pose les bonnes questions.
ça permet d’expérimenter, d’apprendre – parce qu’en avançant, des solutions, des ouvertures, des réponses, des moyens vont vous apparaitre.
J’ai des tas d’exemples de projets ambitieux qui n’auraient jamais vu le jour sans ce petit brin d’audace, de foi et de confiance qui a permis à leurs auteurs de se mettre en route avant de savoir comment le financer.
Allez, poursuivez le, ce beau projet qui allume des étincelles dans vos yeux, et mettez vous en route : c’est la garantie de trouver accomplissement, joie et intensité sous vos pas !
et racontez moi dans les commentaires ou vous mènent vos pas !
Pour fouiller un peu sous d’autres aspects cette question entre « être, avoir, faire » je vous recommande le dossier spécial de Philosophie magazine, n°93 d’octobre 2015 – « Etre ou avoir »
5 Responses
On en redemande !!! par ici je vous met dans mes bookmarks, a tres bientot.
j’y travaille aussi 🙂
à très bientôt
serieusement je vous dis chapeau pour cette article et merci
on a tous besoin de faire comme vous
merci
Coucou,
C’est un très bel article que tu as partagé. Je me contentais simplement de régler mes dettes sans pour autant songer à mon bien-être. Merci de m’avoir ouvert les yeux.
Au revoir
Merci Bernard
Oui, à force de se focaliser sur l’argent nécessaire pour tel ou tel rêve, on finit par ne penser qu’à l’argent … et oublier les rêves !
à bientôt